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Notes de cours

avec expérience et simulations numériques
sur le chaos et la morphogénèse


Frédéric Faure (http://lpm2c.polycnrs-gre.fr/faure/),

Chaouqi Mishba,
15 juin 2001.

Contents

1  Application retour
2  Route vers le chaos. dans un système mécanique
    2.1  Observations de la roue pulsée
        2.1.1  Présentation de l'objet, et observations
        2.1.2  Modèlisation: équations du mouvement (*)
            Modèle
            Equations du mouvement
        2.1.3  Equations sans dimensions et mesure des paramètres
        2.1.4  Présentation du programme de simulation
    2.2  Autres exemples de systèmes mécaniques
Exercice:
    2.3  Etude de la route vers le chaos
        2.3.1  L'espace des phases
            Equations du mouvement, cas sans perturbation F0 = 0
            Interprétation géométrique des équations de mouvement: champ de vecteur dans l'espace des phases.
            Résolution des équations du mouvement par la construction de Euler
            Intérêt de l'espace des phases
            Cas avec perturbation; espace des phases élargi
            Remarque importante sur le chaos déterministe
        2.3.2  Section stroboscopique des trajectoires non perturbées F0 = 0
            Représentation dans l'espace de phase élargi et section stroboscopique
Exercice
Remarque:
Solution
            Tore périodiques et tore quasi-périodiques
        2.3.3  Observation numérique des trajectoires du système perturbé F0\not = 0
            Observation de l'objet M par simulation pour F0 = 100: (faire TP no2)
            Observation de la route de l'ordre vers le chaos
            Remarque:
Conclusion:
    2.4  Le chaos dans le système solaire
3  Aspects théoriques des systèmes dynamiques
En général:
Pour syst. Hamiltonien
    3.1  Route vers le chaos dans un système mécanique Hamiltonien
        3.1.1  Existence des Tores KAM (Théorème de Kolmogorov 1954)
            Remarques:
        3.1.2  Apparition des ilots elliptiques, et des points hyperboliques (Théorème de Birkhoff)
        3.1.3  Développement du chaos près des points hyperboliques (Construction de Poincaré 1899)
            Courbes stables et instables
            Trajectoires homoclines
            La transformation du Boulanger
Exercice
    3.2  Dissipation dans un système mécanique
        3.2.1  Systèmes conservatifs et systèmes dissipatifs
Rappel de la démonstration du théorème de Liouville
Remarques
Effet des frottements
        3.2.2  Les ilots deviennents des attrateurs
            Exemples d'accrochages de fréquences
        3.2.3  Attracteurs étranges dans les zones chaotiques
4  Propriétés d'une dynamique très chaotique
5  Classification et résumé des concepts
Classification de la route vers le chaos (dissipatif):
    5.1  Y a t-il déterminisme et chaos?
            Estimations très surprenantes:
6  Morphogénèse

Chapter 1
Application retour

Chaouqi: cours + TP

Chapter 2
Route vers le chaos. dans un système mécanique

Dans ce chapitre, nous allons observer comment le chaos peut se manifester dans un système mécanique simple .

Pour cela, nous nous intéressons à un système mécanique particulier, une ``roue pulsée'', qui est présentée en cours.

On peut aussi voir le comportement de cette roue pulsée (simulation numérique) à l'adresse web: _anim.gifhttp://lpm2c.polycnrs-gre.fr/faure/chaos_lic/cours/pendule_anim.gif.

La démarche de ce chapitre est tout d'abord d'observer le mouvement chaotique de cette roue mécanique, puis de modéliser son mouvement par un système dynamique simple (Hamiltonien), et enfin d'approfondir l'observation du chaos, à l'aide d'une simulation numérique de ce système dynamique.

L'approche que nous allons suivre, et les résultats que nous allons obtenir, ne sont pas spécifiques à cette roue pulsée. Ils sont valables au moins de façon qualitative pour beaucoup de systèmes mécanique à peu de degrés de liberté, et nous donnons des exemples dans ce chapitre.

Dans ce chapitre nous nous contenterons d'observer dans quelles conditions le chaos apparait dans un système mécanique. Les explications mathématiques et une description plus précise seront données dans le chapitre suivant.

2.1  Observations de la roue pulsée

2.1.1  Présentation de l'objet, et observations

L'objet mécanique est présenté sur la figure (2.1). Voir aussi le comportement de cette roue pulsée (simulation numérique) à l'adresse web: http://lpm2c.polycnrs-gre.fr/faure/chaos_lic/cours/pendule_anim.gif .

*0.5!Figure

Figure 2.1: Modèle de la roue pulsée: l'aimant A qui est lourd, oscille de façon périodique. Les trois masses aimantées m1,m2,m3\protect sont égales et solidaires, et tournent autour de O sans frottement. mais subissent la force de répulsion de A, en passant près de lui.

Lorsqu'on observe son mouvement, on remarque les caractéristiques suivantes:

2.1.2  Modèlisation: équations du mouvement (*)

Modèle

Le modèle est spécifié sur la figure 2.1. Les trois masses m1,m2,m3 sont égales ( = m ) réparties symétriquement autour du point O, à la distance l . Cette symétrie fait que la pesanteur n'intervient pas dans la suite. Les trois masses sont solidaires, et on appelle M cet objet qui est libre de tourner autour de O. On note q l'angle entre Om1 et la verticale. q est une variable dynamique libre associé à l'objet M étudié.

A cause d'une grande inertie, on considère que le point A a un mouvement imposé périodique. On note a l'angle entre OA et la verticale. On suppose que a(t) est périodique de période T et d'amplitude a0 , et pour simplifier (dans un premier temps, et cela est vrai pour les petites oscillations) on prend:



a(t) = a0cos(2p t
T
)





L'aimant A influence chacune des masses aimantée mi . Si la distance A-mi est faible, la force s'intensifie, et est répulsive. L'énergie potentielle de l'objet O dépend donc de la différence |q-a| et présente un maximum pour q-a = 0 . Il y a aussi un maximum pour les deux autres masses m2,m3 , donc pour q-(a±2p/3) º 0 . La figure 2.2 montre l'allure de cette énergie potentielle VM(q) .

*0.6!fig2.gif

Figure 2.2: Allure du potentiel VM(q)\protect subit par chaque masse mi\protect de l'objet M. Il y a une barrière de potentiel lorsque l'aimant A passe au voisinage d'une des trois masses m1,m2,m3\protect . Cela explique les trois maxima. La largeur de la barrière aM\protect correspond à la distance angulaire où la répulsion se fait sentir. On estime aM @ 0.14 rad º 8 deg\protect .

On propose l'expression suivante pour VM(q) , comme étant la superposition de (trois) Lorentziennes, de hauteur V0 , et largeur aM :
VM(q) =
å
k Î \mathbb Z 
V(xk)
V(x) = V0
1+ æ
ç
è
x
aM
ö
÷
ø
2

 
xk = q-a+k 2p
3

Remarques:



q Î [- p
3
, p
3
[





Equations du mouvement

L'énergie cinétique de l'objet M est
T = 3 1
2
mv2 = 3
2
ml2 .
q
 
2
 

Son énergie potentielle est VM(q,t) .

Le Lagrangien de l'objet M est donc
L(q, .
q
 
,t) = T( .
q
 
)-VM(q,t)

Son impulsion est
pq = L
.
q
 
= 3ml2 .
q
 
Le Hamiltonien (énergie totale) est donc
H(q,p,t) = p .
q
 
-L
= p2
6ml2
+VM(q,t)

Les équations de mouvement de Hamilton sont donc:
.
q
 
= H
p
= p
3ml2
.
p
 
= - H
q
= - VM
q

2.1.3  Equations sans dimensions et mesure des paramètres

Pour simplifier l'écriture des équations, on choisit de prendre T (la période de l'aimant extérieur A) comme unité de temps, et on pose:
t = t
T
    temps dans dimension
alors, à condition de poser
F0 = T2V0
3ml2
(2.1)
les équations équation du mouvement ci-dessus se réécrivent sous forme Hamiltonienne:





dq
dt
= H0
w0
(2.2)
dw0
dt
= - H0
q
(2.3)
(2.4)





avec le Hamiltonien





H0(q,w0) = 1
2
w02+V(q,t)




et l'énergie potentielle


V(q,t) = 3
å
k = 1 
F0
1+ æ
ç
è
xk
aM
ö
÷
ø
2

 

xk = q-a(t)+ 2pk
3
,    k = 1,2,3

Ce qui donne aussi:





dq
dt
= w0
(2.5)
dw0
dt
= F(q,t)
    -mw0
(2.6)
(2.7)





avec la force
F(q,t) = - V
q

Dans (2.5), on a rajouté une force de frottement, avec un paramètre m pour modéliser l'effet des frottements; mais ce terme ne permet plus d'écrire les équations du mouvement sous la forme de Hamilton (2.8). (sauf si m = 0 ).

Les seuls paramètres sans dimension (que l'on évalue sur l'expérience) sont donc:


m << 1,
F0 º 2500,
a0 º 1.5,
aM º 0.14

Dans la suite, on notera w = w0 , t = t et on utilisera les variables (q,w) comme variables dynamiques conjuguées.

On notera aussi T = 1 la période de l'aimant extérieur.

2.1.4  Présentation du programme de simulation

Ce programme est disponible sur phcarism:

Voir les informations sur la feuille du TD2. @@

Le programme est écrit en C++. L'intégration numérique des équations de mouvement (2.1) se fait grâce à l'algorithme de Runge-Kutta (on commente cette méthode plus loin).

Le programme de simulation présente trois fenêtres:

A l'aide de ce programme on peut observer le mouvement de l'objet, et faire des études précises comme la construction de sections stroboscopiques, présentées plus loin, ou la mesure de la sensibilité aux conditions initiales:

Si lance une trajectoire en q0,w0 , puis une autre avec des conditions initiales q1,w1 très proches décalées de Dq ou Dw, on observe sur la simulation une amplification exponentielle de Dq(t) = q1(t)-q0(t) par un facteur @ 101.3 @ 20 après chaque période T . Soit à peu près un facteur 10 à chaque seconde. Voir figure 2.3. Cela traduit que deux trajectoires voisines s'écartent l'une de l'autre exponentiellement vite. La situation est décrite qualitativement sur la figure (2.4). Cela s'observe pour presque toutes les conditions initiales.

Il est clair que ce comportement de forte sensibilité aux conditions initiales est la cause de ``l'aspect chaotique'' ou ``hasardeux'' du mouvement.

*0.7!fig2b.gif

Figure 2.3: amplification exponentielle d'une modification initiale Dq0 = 10-8rad\protect .

*0.6!traject.jpg

Figure 2.4: Dans une dynamique chaotique, deux trajectoires voisines s'écartent ou se rapproche de façon exponentielle. Cela est la cause de ``l'aspect chaotique'' ou ``hasardeux'' du mouvement.

2.2  Autres exemples de systèmes mécaniques

Le modèle de la roue pulsée ci-dessus, se caractérise par un objet dont le mouvement est à une dimension (ou un degré de liberté), plus précisement caractérisé par une variable dynamique angulaire q, et subissant une force périodique extérieure F(t) . Les frottements sont faibles.

Voici d'autres systèmes qui ont ces même caractéristiques (en première approximation), pour qui l'analyse de la dynamique qui suit sera donc valable, et qui par conséquent peuvent et doivent manifester un comportement chaotique (selon les conditions).

Exercice:   

Pour un des exemples ci-dessus, écrire les équations de mouvement qui le modélise, puis écrire un programme pour résoudre ces équations et faire cette simulation.

2.3  Etude de la route vers le chaos

On considère à nouveau le modèle de la roue pulsée définit plus haut, et nous commençons une étude plus précise.

2.3.1  L'espace des phases

L'espace des phases est définit comme étant l'espace ( q,p) (ou (q,w) ) des variables dynamiques des équations de mouvement de Hamilton Eq.(2.8).

A condition d'identifier la position q = p/3 avec la position q = -p/3 , remarquons que les différents angles possibles
q Î [- p
3
, p
3
[

forment un cercle, et que les différentes vitesses angulaires possibles forment une droite w Î \mathbb R. L'espace de phase est donc un cylindre.

Equations du mouvement, cas sans perturbation F0 = 0\protect

Dans eq.(2.1), le paramètre F0 est proportionnel à V0 . Il mesure la force de l'aimantation. En faisant, F0 = 0 , (et m = 0 ), il n'y a plus d'influence extérieure sur l'objet M, alors H0(q,w) ne dépend pas du temps. C'est une fonction constante sur l'espace des phases, très simple dans ce cas, car
H0(q,w) = 1
2
w2

(elle ne dépend pas de q non plus), mais qui pourrait être plus compliquée dans d'autres exemples.

Les équations du mouvement sont:
dq
dt
= H0
w0
= w
dw
dt
= - H0
q
= 0
On trouve facilement la solution, pour une condition initiale (q0,w0) donnée:
q(t) = w0.t
w(t) = w0 = cste
traduisant le fait que l'objet M a un mouvement libre. Appelons T0 la période qu'il faut à l'objet M pour faire un tiers de tour q = -p/3® p/3 . T0 dépend de la vitesse angulaire initiale w0 ,





T0 = ê
ê
ê
2p
3w0
ê
ê
ê





Interprétation géométrique des équations de mouvement: champ de vecteur dans l'espace des phases.

On peut écrire les eq.(2.8) sous la forme:


dq
dt
= V1( q,w)
dw
dt
= V2( q,w)
où V1( q,w) ,V2( q,w) sont deux fonctions, que l'on peut interpréter comme les composantes d'un champ de vecteur
®
V
 
( q,w) = ( V1,V2)

sur l'espace de phase ( q,w) . Un vecteur
®
V
 

s'interprète comme étant une modification infinitésimale du point dans l'espace des phases. Par conséquent, une trajectoire est une ligne de champ de ce champ de vecteur fixé. On obtient ainsi les solutions des équations de mouvement.

Dans le cas qui nous intéresse, les composantes sont très simple: V1( q,w) = w, V2( q,w) = 0 , voir la figure 5.

Remarque: en toute généralité, le champ de vecteur ne peut pas être quelconque, car il dérive d'une fonction de Hamilton: V1 = H/w, V2 = -H/q. Cela impose des contraintes au champ de vecteur, comme celle de conserver l'aire par exemple (voir paragraphe 3.2.1 ).

Résolution des équations du mouvement par la construction de Euler

L'interprétation géométrique précédente suggére une méthode de résolution, qui est la construction de Euler.

Comme les équations de mouvement (2.8) sont du premier ordre par rapport au temps (i.e. dérivées premières), en découpant le temps en petites tranches dt , on peut faire la construction suivante (même si dans notre exemple, la solution est très simple).

Soit une condition initiale, c'est à dire position initiale q0 et vitesse initiale w0 de l'objet M à la date t . Cette condition initiale s'interprète comme étant un point M0 = (q0,w0) dans l'espace des phases. Alors on peut calculer le membre de droite des équations de mouvement, donnant les composantes du vecteur
®
V
 
(M0)

, on obtient les valeurs de
( dq
dt
= V1, dw
dt
= V2)

donc la variation des variables dq = V1 dt , dw = V2 dt , et leur valeur à la date suivante t+dt :
q1 = q0+dq = q0+V1 dt

w1 = w0+dw = w0+V2 dt
Ainsi de suite, et de proche en proche, cela donne le comportement future du système M(t) = (q(t),w(t)) pour toute valeur de t . Cette méthode s'appelle la méthode d'intégration de Euler; elle donne le résultat exact dans la limite où dt® 0 (l'erreur est en O(dt2) ).

C'est une méthode possible pour simuler le mouvement avec l'ordinateur. Il y a plus efficace cependant: la méthode de Runge-Kutta par exemple, dont l'erreur est en O(dt5) .

*0.5!fig3.gif

Figure 2.5: Construction de Euler des trajectoires du système non perturbé ( F0 = 0\protect ) . Les équations de mouvement donnent un champ de vecteur dans l'espace de phase. Une trajectoire issue de M0\protect , s'obtient en intégrant ce champ de vecteur. On obtient ici la succession de points proches (M0,M1,M2,...)\protect .

Dans le cas qui nous intéresse, la figure 2.5 représente le champ de vecteur
®
V
 

dans l'espace des phases (qui s'interprète comme étant la vitesse d'évolution du point sur une trajectoire). Dans cet espace de phase (q,w) on remarque que toutes les trajectoires sont périodiques (cela est dû à la conservation de l'énergie), et que naturellement, leur période notée
T0 = 2p
3| w0|

prennent toutes les valeurs possibles, selon la valeur initiale w0 . Cette période diminue avec les grandes valeurs de | w0| .

Intérêt de l'espace des phases

L'intérêt principal de l'introduction de l'espace de phase et des variables (q,w) , est donc l'interprétation géométrique des trajectoires comme étant les lignes de champ d'un certain champ de vecteur fixe. Les conclusions importantes sont d'une part que une condition initiale M0 = (q0,w0) détermine le comportement ultérieur car une trajectoire unique passe par le point M0 = (q0,w0) dans l'espace des phases; d'autre part la méthode d'intégration consiste à partir d'une condition initiale, et à suivre progressivement les flèches du champ de vecteur, pour obtenir la trajectoire.

Cas avec perturbation; espace des phases élargi

Si F0 ¹ 0 (force extérieure non nulle sur l'objet), les équations de Hamilton dépendent du temps, et l'analyse précédente n'est plus tout à fait valable, car cette fois-ci, le champ de vecteur n'est plus fixe, mais dépend du temps:
®
V
 
( q,w,t) = ( V1( q,w,t) ,V2( q,w,t) )

.

Une conséquence génante est qu'un point (q0,w0) ne détermine plus une seule trajectoire possible, car elle dépend aussi de la position de l'aimant extérieur A, et donc de la date t . L'objet A a un mouvement périodique de période T = 1 , et donc il suffit de connaitre la valeur de t modulo T (i.e. t ramené dans l'intervalle [0,T[ ).

Pour se ramener à un champ de vecteur fixé, il faut donc considérer le temps t comme une variable supplémentaire. Il faut donc considérer que le mouvement de l'objet s'effectue dans l'espace phase élargi avec les trois variables (q,w,t) ,q et t sont considérés comme périodiques.

Bien sûr le temps t se déroule de façon linéaire, et pour cela on introduit un paramètre d'intégration l Î \mathbb R, et l'équation de mouvement très simple:
dt
dl
= 1,    Þ   t º l.

( l est en fait le vrai temps, et t est sa valeur ramenée entre 0 et 1 ).Les équations de mouvement s'écrivent alors sous la forme:
dq
dl
= V1( q,w,t)
dw
dl
= V2( q,w,t)
dt
dl
= V3( q,w,t) = 1
définissant un champ de vecteur fixé
®
V
 
( q,w,t) = ( V1,V2,V3)

dans cet espace de phase élargi de dimension 3, voir fig (2.6).

Comme ci-dessus, si l'on connait une condition iniitale M0 = (q0,w0,t0) , l'évolution future est complétement déterminée, et s'interprète comme étant la ligne de champ issue de ce point M0 dans cet espace de dimension 3. La méthode de Euler s'adapte à cette situation, et permet de calculer numériquement les trajectoires.

*0.5!fig4.gif

Figure 2.6: Trajectoires dans l'espace des phases élargi (q,w,t)\protect (pour perturbation F0\protect quelconque) obtenues par intégration du champ de vecteur.

Bien sûr la variable t est un peu particulière car le temps évolue toujours de façon monotone ( t = l). Par conséquent chaque trajectoire traverse périodiquement le segment t = 0® T , et pour simplifier l'étude d'une trajectoire, il suffit de noter les intersections de la trajectoire avec le plan t = 0 , donnant à chaque période T un point (q,w) dans l'espace des phases.

La série de points obtenue M0 = (q0,w0) , M1 = (q1,w1) , M2 = (q2,w2) ,...représentés dans l'espace des phases s'appelle la section de Poincaré dans l'espace de phase élargi et plus partiulièrement dans notre cas, la section stroboscopique des trajectoires. (car elle s'obtient à des intervalles de temps réguliers). Voir figure 2.7.

*0.7!fig5b.gif

Figure 2.7: Section stroboscopique (points M0,M1,M2,¼\protect ) obtenus par l'intersection de la trajectoire dans l'espace des phases élargi avec le plan t º 0\protect .

On rappelle une fois de plus que l'intérêt de cette représentation est qu'un point de la section stroboscopique détermine une trajectoire unique.

Remarque importante sur le chaos déterministe

Voici la remarque très importante qui fait que déjà l'on peut présentir pourquoi le chaos déterministe existe: les lois du mouvement peuvent être très simples (comme dans notre cas eq.(2.8)) donnant un champ de vecteur très simple et régulier dasn l'espace de phase. Mais cela n'empêche pas que les trajectoires résultantes (les lignes de champ obtenues par intégration) peuvent être très complexes, et donner un comportement ``chaotique'' de la trajectoire. Tout le paradoxe du chaos est ici. Dans certains cas, la trajectoire résultante peut être très simple (le cas d'un mouvement périodique par exemple), dans d'autres cas (la plupart des cas en fait) elle peut être si complexe, qui est impossible de la connaitre, sans autre moyen que de faire l'expérience, ou de la construire avec un ordinateur, en commettant des erreurs de précision bien sûr.

Dans la suite, on se propose d'étudier néanmoins ce problème à savoir le devenir aux temps longs d'une trajectoire, et de voir dans quels cas la trajectoire peut être ``complexe'', et ce que l'on peut en dire.

Puisque l'on a bien présenté le cadre géométrique qui permet d'observer correctement l'évolution de notre système, on passe maintenant à l'étude des trajectoires.

2.3.2  Section stroboscopique des trajectoires non perturbées F0 = 0\protect

On a vu que les trajectoires du système non perturbé ( F0 = 0 ) sont périodiques et s'observent dans l'espace des phases (q,w) . Mais puisque qu'il faut considérer l'espace des phases élargi dans le cas perturbé ( F0 ¹ 0 ), on va aussi le faire tout de suite dans le cas ( F0 = 0 ).

Représentation dans l'espace de phase élargi et section stroboscopique

La figure (2.8) montre qualitativement les trajectoires dans l'espace de phase élargi. Comparer avec la figure (2.5).

*0.5!fig6.gif

Figure 2.8: Trajectoires non perturbées dans l'espace des phases élargi ( q,w,t)\protect . Toutes les trajectoires sont dans un plan w = cste\protect . On a représenté les trajectoires périodiques (résonances 1:2 et 1:1).

Exercice  

Pour chacune des valeurs suivantes de la période T0 de la trajectoire,
T0
T
= 1,  1
2
2
3
1
2
-e p
q
,  Ö2

(avec e << 1 , et p,q entiers premiers entre eux),

  1. donner la valeur de w0 correspondante,
  2. tracer une trajectoire correspondante sur le plan ( q,t) à w = w0 = cste ,

Et placer toutes cette trajectoires sur une même section stroboscopique ( q,w) à t = 0 .

Remarque:   

lorsque
T0
T
= p
q
Î \mathbb Q

est rationnel, on dit que la trajectoire correspondante est en résonance p:q avec la force périodique extérieure.

Solution  

*0.7!fig7.gif
*0.2!Figure

Figure 2.9: Trajectoires non perturbées dans l'espace des phases élargi (plans w = cste\protect ). Cas d'une trajectoire quasi-périodique, et de trajectoires périodiqes.

*0.4!Figure

Figure 2.10: Trajectoires sur la section stroboscopique pour F0 = 0\protect .

On déduit que si T0 est quelconque,

Dans ce dernier cas, la trajectoire n'est pas périodique dans l'espace de phase élargi, mais pourtant q se déroule de façon périodique et t aussi. On dit que la trajectoire est quasi-périodique dans l'espace de phase élargi.

Tore périodiques et tore quasi-périodiques

Lorsque la trajectoire est périodique (résonance p:q), on a vu qu'il y a p points sur la section stroboscopique. En changeant la valeur de q initiale, on obtient une autre trajectoire qui donne d'autres points décalés sur la section. Toutes ces trajectoires possibles (ayant la même valeur de w) forme une surface, une nappe dans l'espace élargi (q,w,t) . Cette surface est en fait un tore, car il faut tenir compte de la périodicité en q, et en t . On emploira donc le terme ``tore'' dans la suite, pour mentionner cette surface (trajectoire représentée dans l'espace de phase élargi).

Sur la section, cette surface donne une ligne, qui n'est autre que la trajectoire non perturbée représentée dans l'espace de phase (q,w) .

*0.8!fig8.gif

Figure 2.11: A cause de la périodicité en q\protect et t\protect , les surfaces w = cste\protect contenant les trajectoires, ont bien la topologie d'un tore.

Dans ce paragraphe, on a donc bien compris la structure des trajectoires dans l'espace de phase élargi, et leur apparence sur la section stroboscopique dans le cas du système non perturbé. Il est déjà apparu (de façon un peu artificielle) le rôle joué par les nombres rationnels pour les tores périodiques, et irrationnels pour les tores quasi-périodiques.

2.3.3  Observation numérique des trajectoires du système perturbé F0 ¹ 0\protect

Dans ce paragraphe, on va utiliser la simulation sur ordinateur pour observer le comportement des trajectoires du système perturbé, et essayer de mettre en évidence quelques lois générale des systèmes dynamiques, afin de comprendre l'origine du chaos. Les explications des phénomènes observés ici seront données dans le chapitre suivant (plus technique).

On prend les paramètres suivants:
a0 = 1,    aM = 0.5

La fenêtre des vitesse angulaires est w = 0® 9 , et le paramètre F0 est variable.

*0.7!fig9.gif

Figure 2.12: Sections stroboscopiques des trajectoires pour différentes forces de l'aimant F0\protect . On observe la transition d'un comportement régulier pour F0 = 0\protect , vers un comportement très chaotique pour F0 = 100\protect .

sectionF3.gif
z

Figure 2.13: Détail de la section pour F = 3\protect . On apercoit une structure infiniment fine de résonances.

*0.5!ilot2.png

Figure 2.14: Un ilot elliptique associé à la résonance 1:1 dans l'espace de phase élargit ( q,w,t) \protect . Il forme un tube (un tore). L'intersection de ce tore avec la section t = 0\protect , est ``l'ellipse'' observée sur la figure 2.12, pour F = 3\protect , (1:1). Une trajectoire s'enroule sur ce tore, et intersecte la section stroboscopique en une série de points 1,2,¼\protect situés sur l'ellipse.

(Le cas F0 = 0 a été étudié ci-dessus. )

Sur ces figures de sections stroboscopiques, une condition initiale (q0,w0) donne une trajectoire (série de points sur la section stroboscopique q,w), représentés par la même couleur. (Mais une même couleur sert pour plusieurs trajectoires). On observe en gros deux sortes de trajectoires:

  1. des trajectoires qui donnent des courbes 1 dimension (lignes ou lignes courbes, ou ilots elliptiques,..) correspondant à un comportement régulier. Voir aussi figure 2.14, pour la signification des ilots elliptiques.
  2. des trajectoires qui donnent des points se répartissant en surface (à 2 dimensions) correspondant à un comportement chaotique. Par exemple dans la dernière figure ( F0 = 100 ), la zone rouge est obtenue par une seule condition initiale.

Observation de l'objet M par simulation pour F0 = 100\protect : (faire TP no2)

Observation de la route de l'ordre vers le chaos

On observe lorsque la perturbation F0 augmente que:

Remarque:

Cette description à été développée depuis Poincaré au siècle dernier; Un célèbre théorème décrit ce comportement lorsque la perturbation F0 augmente: le théorème KAM (Kolmogorov, Arnold, Möser). Nous présentons quelques aspects de ce théorème dans la section suivante.

Conclusion:   

l'ordre cède la place au chaos lorsque F0 augmente, mais l'ordre et le chaos coexistent dans l'espace des phases (le choix se fait selon la condition initiale q0,w0,t0 ).

2.4  Le chaos dans le système solaire

*0.3!fig_saturne.gif
*0.3!fig_saturn32.gif

Figure 2.15: Saturne et ses anneaux.

*0.7!fig_histo_bw.gif

Figure 2.16: This histogram clearly shows the primary Kirkwood gaps in the main asteroid belt. These gaps (labeled "3:1", "5:2", "7:3", "2:1") are caused by mean-motion resonances between an asteroid and Jupiter. For example, the 3:1 Kirkwood gap is located where the ratio of an asteroid's orbital period to that of Jupiter is 3/1 (the asteroid completes 3 orbits for every 1 orbit of Jupiter). The effect of these mean-motion resonances is a change in the asteroid's orbital elements (particularly semi-major axis) sufficient to create the gaps in semi-major axis space.

Chapter 3
Aspects théoriques des systèmes dynamiques

En général:  

Par Chaouqi.

Points fixes de la dynamique et stabilité

Cycles limies

TP3

Pour syst. Hamiltonien  

Par Fred.

,Ilots elliptiques, th. KAM,

mapping chat ou boulanger.

Effet de la dissipiation.

TD-TP4

3.1  Route vers le chaos dans un système mécanique Hamiltonien

Dans cette section plus technique, on justifie en partie les comportements observés dans le chapitre (2).

Références: Arnold [1] p117, p405, Arnold et Avez [3]p68

3.1.1  Existence des Tores KAM (Théorème de Kolmogorov 1954)

Concernant le modèle mécanique ci-dessus, ce théorème dit:

Pour une perturbation F0 suffisament petite, il subsiste des tores invariants quasi-périodiques (courbes 1D dans la section de Poincaré) qui sont voisins des tores invariants quasi-périodiques (i.e. T/T0 irrationnel) du système non perturbé. Ces tores remplissent presque tout l'espace de phase lorsque F0® 0 .

C'est bien ce que l'on a observé dans le modèle numérique ci-dessus pour F0 = 0-0.5-3 .

Remarques:

La démonstration est très technique, et repose sur l'existence d'un changement de coordonnées (q,w)® (q¢,w¢) canoniques qui transforment la dynamique pour F0 ¹ 0 faible, dans le voisinage d'ancien tores quasi-périodiques, en la dynamique régulière du cas F0 = 0 . (Voir Arnold [1] p411 ou Arnold-Avez [3] p68.)

3.1.2  Apparition des ilots elliptiques, et des points hyperboliques (Théorème de Birkhoff)

L'explication qui suit est très esthétique car géométrique, et sans calcul.

Dans la suite, on s'intéresse à la résonance 1:1, l'étude des autres résonances p:q est similaire. On considère donc pour F0 = 0 , les trajectoires situées à T0/T = 1/1 soit à w0 = 2p/3 @ 2.1 . Comme expliqué ci-dessus (figure 2.9), chaque trajectoire donne un point sur la section de Poincaré. Toutes ces trajectoires donnent une ligne G0 sur la section de Poincaré à w = w0 .

Le théorème de Birkhoff dit:

Pour F0 ¹ 0 suffisament petit, il y a aura k points fixes stables (ilots elliptiques) et k points fixes instables (points hyperboliques) à la place de G0 , avec k entier. (souvent, comme sur notre exemple k = 1 ).

Voici la démonstration très géométrique:

Appelons S , une itération de l'application stroboscopique: Mi+1 = S(Mi) .

Pour F0 ¹ 0 , suffisament petit, d'après le théorème de Kolmogorov, il y a un tore quasi-périodique G+ invariant qui persiste pour w = w+ > w0 proche de w0 , (si T/T0 est suffisament irrationnel); autrement dit S(G+) = G+ . On a w+ > w0 , donc T+ < T0 , mais T+ est proche de T0 . Par conséquent, sur la section stroboscopique, une trajectoire de G+ donnera une succesion de points se déplaçant vers la droite. Voir figure 3.1.

De même il y a un tore quasi-périodique invariant G- qui persiste pour w = w- < w0 proche de w0 , donnant une succession de points se déplaçant vers la gauche, sur la section stroboscopique. On a aussi S(G-) = G- .Sur la section, G0 se situe entre G- et G+ .(Mais attention, G0 n'est pas invariant: S(G0) ¹ G0 ).

A q fixé (quelconque), considérons les points Mw sur le segment q fixe, w = w-® w+ . D'après ci-dessus, le points S(Mw-) est à gauche de Mw- , et le point S(Mw+) est à droite de Mw+ . Par continuité, il y a un point intermédiaire, Mwf tel que S(Mwf) reste sur le segment q fixé. On peut trouver un tel point pour chaque valeur de q, et cela donne une courbe Gf (de coordonnées (q,wf(q)) ).

Soit la courbe Gf¢ = S(Gf) l'image de la courbe Gf par une itération de l'application stroboscopique. La courbe Gf¢ , peut se situer n'imorte où, mais cependant elle doit intersecter la courbe Gf un nombre 2k pair de fois, avec k entier. ( 2k = 2 sur la figure 3.1). La raison est que l'application S() conserve l'aire dans l'espace des phases ( q, w), d'après le théorème de Liouville, car elle provient des équations de Hamilton. (Voir démonstration ci-dessous, section 3.2.1); les aires A = (G-,Gf) et A = (G-,Gf¢) = S(A) comprises entre les courbes ( G- et Gf ) et ( G- et Gf¢ ) sont donc égales. Cela oblige les courbes Gf et Gf¢ à se couper un nombre pair de fois: 2k .

Dans la suite on suppose que k = 1 , comme sur notre exemple.

Les points d'intersection GfÇGf¢ sont donc deux points fixes (E,H) de l'application S ; voir figure 3.1. Près du point E, le déplacement des points tournent autour de E; E est donc un point fixe elliptique, et un ilot des trajectoires autour de ce point. Près du point H, le déplacement des points montrent que H est un point fixe hyperbolique.

On déduit donc que pour F0 ¹ 0 , suffisament petit, il apparait, à la place de la courbe G0 , 1 ( k = 1 ) ilot elliptique E, et 1 ( k = 1 ) point fixe hyperbolique H. Le déplacement des points est schématisé sur la figure 3.2.

Remarque: pour l'étude d'une résonance générale p:q, il suffit de considérer l'application Sp . L'analyse précédente s'applique alors.

*0.6!fig10a_bis.png

Figure 3.1: Construction de Poincaré des coubes de points Gf\protect , et Gf¢\protect son image par l'application stroboscopique. Un point de M Î Gf\protect se déplace verticalement pour donner M¢ = S(M) Î Gf¢\protect . Les deux points H et E situés aux intersection GfÇGf¢\protect sont donc des points fixes.

*0.6!fig10.gif

Figure 3.2: La construction de Poincaré montre que à la place du tore résonant 1:1, il apparait 1 ilot elliptique E, et un point fixe hyperbolique H, encadré par deux tores invariants quasi-périodiques G+\protect , G-\protect .

3.1.3  Développement du chaos près des points hyperboliques (Construction de Poincaré 1899)

Dans la section précédente, on a vu que les points situés sur l'ilot elliptique tournent autour du point E; ils ont donc un mouvement très régulier.

Dans cette section, on étudie la trajectoire des points situés près du point fixe hyperbolique H, et on montre que leur trajectoire est au contraire très instable et ``très chaotique''. On va obtenir un modèle très simple qui reproduit le comportement de leur trajectoire, appelé le modèle de l'application du boulanger, qui est très mélangeante.(Il s'agit du travail du boulanger qui étire et replie sa pâte pour faire de la pâte feuilletée, afin de bien mélanger le beurre).

Cette construction est due à Poincaré (1899).

Courbes stables et instables

Près du point fixe instable H, il y a quatre directions privilégiées: les points s'éloignent de H selon deux directions dites instables, et les points s'approchent de H selon deux directions dites stables.

On définit les (deux) courbes stables Cs comme étant précisement l'ensemble des points qui s'accumulent sur H pour t® +¥. Pour le moment on ne sait pas comment ces deux courbes se prolongent pour t® -¥. Voir figure 3.4.

De même on définit les (deux) courbes instables Ci comme étant précisement l'ensemble des points qui s'accumulent sur H pour t® -¥. Pour le moment on ne sait pas comment ces deux courbes se prolongent pour t® +¥.

Rappel: dans le cas du pendule simple, voir figure 3.3, il y a un point fixe H hyperbolique, et une courbe instable de H se prolonge pour donner une courbe stable de H dans l'espace des phases (q,w) du pendule. Cette ``coincidence'' est due à la conservation de l'énergie qui n'a pas lieu ici pour F0 ¹ 0 . Donc ici, il n'y a aucune raison pour que ces deux courbes Cs et Ci se rejoignent. Elles vont donc se couper (peut etre plusieurs fois) en un point I. Voir figure 3.4.

Ce point d'intersection I = CsÇCi est appelé point homocline.

*0.6!fig11.gif

Figure 3.3: Trajectoire du pendule simple: il y a un point fixe instable H (hyperbolique), et un point fixe stable E (elliptique). On observe que la courbe instable, issue de H, rejoint la courbe stable qui va asymptotiquement vers H.

*0.6!fig12.gif

Figure 3.4: Courbes stables Cs\protect et instables Ci\protect issues du point fixe hyperbolique H. Elles s'intersectent aux points homoclines I et I'.

Trajectoires homoclines

Considérons le point homocline I0 = I défini ci-dessus. Voir figure 3.5. Par construction, son image I1 = S(I0) appartient à la fois à Cs et Ci . On déduit que Ci forme deux boucles B0,B0¢ avant de recouper Cs en I1 . (Il y a au minimum deux boucles et non pas une car l'orientation des intersections doit être conservée); il y a une intersection intermédiaire J0 . Ainsi de suite: Ci forme deux boucle Bn,Bn¢ après avoir coupé Cs en In , et avant de le recouper en Jn et In+1 . Voir figure 3.5. (Remarque: une boucle Bn correspond à un ensemble de trajectoires.)

On a donc Bn+1 = S(Bn) , et donc les boucles B0,B1,B2¼ ont toutes la même aire, car l'application S conserve l'aire. Par ailleurs, on sait que les points I1,I2,¼ s'accumulent vers H en se rappochant exponentiellement; on déduit donc que les boucles Bn deviennent plus fines, et aussi plus longues, elles s'étirent exponentiellement, car leur surface est constante. Mais chaque boucle Bn est comprise entre les courbes invariantes G- , et G+ : la place où elles sont est limitée. On déduit donc que les boucles Bn se replient sur elles même en même temps qu'elles s'étirent.

Remarque: la suite de points homocline In = ¼,I-2,I-1,I0,I1,I2,¼ est très particulière car elle s'accumule vers H à la fois pour t® +¥ et t® -¥. On appelle cette suite de points une trajectoire homocline. Elle est à la base de la construction que l'on a faite des boucles Bn .

*0.6!fig13_bis.png

Figure 3.5: La surface achurée de la boucle Bn\protect est étirée et repliée au cours de l'évolution. Cela mélange les trajectoires et est à l'origine du chaos.

La transformation du Boulanger

On vient de voir que la surface de la boucle Bn est conservée, mais étirée et repliée au cours de l'évolution, près du point hyperbolique H. Cela a pour effet de mélanger les trajectoires très fortement, et ce mécanisme est à l'origine du chaos.

On peut simplifier ce mécanisme, en gardant sa propriété de mélange, en considérant l'application dite du Boulanger qui agit sur une surface carrée, voir figure 3.6.(Cette application res à l'action que fait le boulanger pour mélanger le beurre à la pate dans la recette de la pate feuillettée).

Ce modèle très simple génère un ``chaos très fort''.

*0.7!fig14.gif

Figure 3.6: ``L'application du boulanger'' est en deux étapes: (1) on étire la surface du carré, et (2) on replie, en coupant et superposant, afin d'obtenir un carré. L'itération de cette application crée un mélange complet (``chaos'').

Exercice   

  1. Ecrire les équations B:(xn,yn)® (xn+1,yn+1) qui définissent l'application du Boulanger.
  2. Montrer que deux orbites voisines se séparent exponentiellement vites.

3.2  Dissipation dans un système mécanique

3.2.1  Systèmes conservatifs et systèmes dissipatifs

On appelle système conservatif, un système dynamique dont les équations de mouvement s'écrivent avec un Hamiltonien, comme les équations (2.8). Le terme conservatif vient d'une propriété essentielle des systèmes Hamiltoniens qui est que l'aire dans l'espace des phases est conservée. C'est le théorème de Liouville.

Rappel de la démonstration du théorème de Liouville   

(voir Arnold [1] p.75)

on note
®
x
 
= (q,w)

la position d'un point dans l'espace des phases à l'instant t = 0 . On note
®
x
 
(t) = G( ®
x
 
,t)

l'application qui donne la position du point à la date t . Pour t << 1 , on peut faire un développement limité, et écrire
®
x
 
(t) = G( ®
x
 
,t) @ ®
x
 
+ ®
f
 
( ®
x
 
,t).t+O(t2)

autrement dit
d ®
x
 

dt
= ®
f
 
( ®
x
 
,t)

.

Considérons maintenant un élément de surface D(0) , qui évolue pour donner D(t) . On note s(t) sa surface. Alors
s(t) = ó
õ


D(t) 
d ®
x
 
(t) = ó
õ


D(0) 
det
ê
ê
ê
ê
ê
ê
®
x
 
(t)

®
x
 
(0)
ê
ê
ê
ê
ê
ê
d ®
x
 
(0)
d'après la formule de changement de variables, avec le Jacobien. Pour t << 1 , on a
det
ê
ê
ê
ê
ê
ê
®
x
 
(t)

®
x
 
(0)
ê
ê
ê
ê
ê
ê
= det
(1+
®
f
 

®
x
 
t+O(t2)) = 1+t    Trace(
®
f
 

®
x
 
)+O(t2)
car pour une matrice A quelconque, det( 1+eA) = 1+eTrace( A) +o(e) .

or
Trace(
®
f
 

®
x
 
) =
å
i 
fi
xi
= div( ®
f
 
)

, donc la variation de surface du domaine D(0) est
ds(t)
dt


/t = 0 
= ó
õ


D(0) 
div( ®
f
 
).d ®
x
 
(3.1)
Dans le cas des équations de Hamilton (2.8), on obtient que
®
f
 
( ®
x
 
) = ( H
w
,- H
q
)

, donc
div( ®
f
 
) =
q
æ
ç
è
H
w
ö
÷
ø
+
w
æ
ç
è
- H
q
ö
÷
ø
= 0
par conséquent, ds(t)/dt = 0 , la surface est conservée.

Remarques  

Effet des frottements  

Dans les sytèmes naturels, il y a toujours de la dissipation, qui fait que le système considéré n'est pas rigoureusement Hamiltonien. Cette dissipation peut être faible ou pas. Si on rajoute des frottements faibles (coefficient m), dans notre modèle, le système n'est plus Hamiltonien, l'aire dqdw n'est plus conservée. On peut montrer que cette aire diminue au cours du temps. En effet, si on rajoute le terme -mw dans l'équation (2.5) de dw/dt , alors en reprenant les notations de eq.(3.1), on a cette fois ci
®
f
 
( ®
x
 
) = ( H
w
,- H
q
-mw)

, donc
div( ®
f
 
) =
q
æ
ç
è
H
w
ö
÷
ø
+
w
æ
ç
è
- H
q
-mw ö
÷
ø
= -m < 0
donc ds/dt < 0 ce qui montre que l'aire diminue.

3.2.2  Les ilots deviennents des attrateurs

(Voir Gutzwiller [6] section 9.2.)

On considère notre modèle pour F0 = 3 ,où il y a beaucoup d'ilots dans la section stroboscopique.

Que deviennent les trajectoires du système Hamiltonien conservatif, si l'on rajoute des frottements m > 0 qui rende le système dissipatif, avec une diminution de l'aire au cours du temps?

Il est facile de deviner que les trajectoires régulières des ilots, vont s'enrouler vers le centre de ceux-ci. Le centre des ilots devient donc un attracteur.

*0.7!fig15.gif

Figure 3.7: Avec des frottements légers, m > 0\protect , le centre de chaque ilot devient un attracteur.

Après un régime transitoire où les trajectoires sont attirées au centre de l'ilot, elles coincident ensuite avec le centre de l'ilot, et deviennent des trajectoires périodiques, comme celles de la figure 2.9 (qui étaient exceptionnelles dans le cas conservatif).

Chaque trajectoire devient donc résonnante caractérisée par le couple d'entiers p:q. Cela signifie que
T0 = p
q
T

, et que l'objet fait q périodes pendant que l'aimant fait p périodes. Cela est très surprenant; ce phénomène s'appelle l'accrochage des fréquences, puisque l'objet M a accroché sa fréquence w sur un multiple rationnel q/p de la fréquence w0 de la perturbation extérieure. (en Anglais ``phase lock'').

En conclusion les trajectoires résonantes p:q qui sont exceptionnelles pour un système conservatif, deviennent importantes pour un système légèrement dissipatif.

Exemples d'accrochages de fréquences

Il y a de nombreux exemples dans la nature où un accrochage de fréquences se manifeste.( cf Gutzwiller [6] p130, p120. )

3.2.3  Attracteurs étranges dans les zones chaotiques

On peut se demander l'effet de la dissipation sur les trajectoires chaotiques situées près des points hyperboliques H?

Un modèle très simple consiste à modifier le modèle de l'application du boulanger ci-dessus, introduire un coefficient de dissipation m. On obtient le modèle du fer à cheval.

*0.6!fig16.gif

Figure 3.8: L'application du fer à cheval est une modification de celle du boulanger fig (3.6), où la dissipation est introduite par la diminution de la surface.

Une étude de ce modèle est très simple, et montre que toutes les trajectoires sont attirées vers un ensemble de points singuliers appelé attracteur étrange, qui est un ensemble fractal dans l'espace des phases. voir Ozorio [5].

Autre modèle, et autres images, voirhttp://www.mcasco.com/cattr1.html .

Chapter 4
Propriétés d'une dynamique très chaotique

Entropie,

Fractales,

Diffusion, eq. de Langevin.

TP5.

Chapter 5
Classification et résumé des concepts

Classification de la route vers le chaos (dissipatif):  

Par Chaouqi.

3 scénarios.

Formes normales

rem; sur Th. des catastrophes (Fred).

5.1  Y a t-il déterminisme et chaos?

Le modèle mathématique étudié ci-dessus est déterministe au sens où une condition initiale (q0,w0,t0) détermine l'évolution future de l'objet. Cependant, on a vu qu'une petite modification des conditions initiales de Dq s'amplifie pour donner une modification 10Dq après une période, et 10nDq après n périodes T . Il en est de même pour Dw. Il en résulte que la moindre modification de la position ou de la vitesse de l'objet va s'amplifier pour rapidement donner quelque chose de très différent (si il n'y avait pas eu de modification). Par exemple si Dq = 10-8 radians, en t = 8T = 8 secondes Dq @ 1 , et donc l'objet pointe vers une autre direction. Cela s'appelle l'effet papillon: un battement d'aile de papillon dans la pièce va engendrer un petit courant d'air, ce qui va modifier légèrement la vitesse Dw, et aussi Dq, qui va rapidement s'amplifier.

Estimations très surprenantes:

Ces remarques montrent qu'il est illusoire de vouloir faire des prédictions précises après ce laps de temps. Mais des prédictions sont cependant possibles: on peut faire des prédictions probabilistes. C'est ce que l'on fait en physique statistique.

Citation de Bohr ``Le but de la physique n'est pas de décrire la nature, mais de montrer ce que l'on peut dire de la nature''.

Chapter 6
Morphogénèse

généralité sur ordre dans la nature,

ex. Chimique simple.

Etude stabilité, naissance ordre spatioal,

rapport avec th. cristallo.

Bibliography

[1]
V.I. Arnold. Les méthodes mathématiques de la mécanique classique. 1976.

[2]
V.I. Arnold. Huygens and Barrow, Newton and Hooke. 1990.

[3]
V.I. Arnold and Avez. Méthodes ergodiques de la mécanique classique. 1967.

[4]
P. Berge, Y. Pomeau, and C. Vidal. L'ordre dans le chaos. 1984.

[5]
A.M. Ozorio de Almeida. Hamiltonian systems, chaos and quantization. 1988.

[6]
M. Gutzwiller. Chaos in classical and quantum mechanics. Springer-Verlag, 1991.

[7]
E.A. Jackson. Perspectives of non linear dynamics. 1991.

[8]
Zureck. Physical Review Letters, 72, 1994.

[9]
Zureck. Physica D, 83, 1995.


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On 18 Jun 2001, 16:39.