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La méthode de Newton est une méthode de résolution de l'équation
f (x) = 0, attention à la différence avec le théorème du point fixe
qui permet de résoudre numériquement f (x) = x.
Si x0 est proche de la racine r
on peut faire un développement de Taylor à l'ordre 1 de la
fonction f en x0 :
f (x) = f (x0) + (x - x0)f'(x0) + O((x - x0)2)
Pour trouver une valeur approchée de r, on ne garde que la partie
linéaire du développement, on résout :
f (
r) = 0
f (
x0) + (
r -
x0)
f'(
x0)
donc (si
f'(x0) 0) :
r x0 -
Graphiquement, cela revient à tracer la tangente à la courbe représentative
de f et à chercher où elle coupe l'axe des x.
On considère donc la suite récurrente définie par une valeur u0
proche de la racine et par la relation :
un+1 =
un -
Il y a deux théorèmes importants, l'un d'eux prouve que
si u0 est ``assez proche'' de r alors la suite un converge vers r,
malheureusement il est difficile de savoir en pratique si on est
``assez proche'' de u0 pour que ce théorème s'applique. Le second
théorème donne un critère pratique facile à vérifier qui assure
la convergence, il utilise les propriétés de convexité de la fonction.
Démonstration : on a
un+1 -
r =
un -
r -
=
En appliquant un développement de Taylor de f en un à l'ordre 2,
on obtient pour un réel
situé entre r et un :
0 =
f (
r) =
f (
un) + (
r -
un)
f'(
un) + (
r -
un)
2
donc :
(
un -
r)
f'(
un) -
f (
un) = (
un -
r)
2
d'où :
On commence par choisir un intervalle
[r - , r + ]
contenant strictement r et tel que | f''| < M et | 1/f'| < m
sur
[r - , r + ] (c'est toujours possible car
f'' et 1/f' sont continues au voisinage de r puisque
f'(r) 0).
Si un est dans cet intervalle, alors aussi donc
|
un+1 -
r|
|
un -
r|
2 |
un -
r|,
On a
| un - r| , on diminue si nécessaire
pour avoir
< 2/(Mm), on a alors :
|
un+1 -
r|
k|
un -
r|,
k =
< 1
donc d'une part un+1 est encore dans l'intervalle
[r - , r + ]
ce qui permettra de refaire le même raisonnement au rang
suivant, et d'autre part
on a une convergence au moins géométrique vers r (en fait bien meilleure
lorsqu'on est proche de r grace au carré dans | un - r|2).
Remarque : ce théorème se généralise sur
et même sur
n.
Exemple : pour calculer , on écrit l'équation x2 - 2 = 0
qui a comme racine simple sur I = [1/2, 2],
on obtient la suite récurrente
un+1 =
un -
Si on prend = 1/2, on a f' = 2x et f'' = 2
donc on peut prendre M = 2 et m = 1 car
| 1/f'| 1 sur
[ -1/2, + 1/2]. On a 2/(mM) = 1, on peut donc
prendre
= 1/2, la suite convergera pour tout
u0 [ -1/2, + 1/2].
Plus générallement, on peut calculer une racine k-ième d'un réel a
en résolvant
f (x) = xk - a par la méthode de Newton.
L'inconvénient de ce théorème
est qu'il est difficile de savoir si la valeur de départ qu'on
a choisie se trouve suffisamment près d'une racine pour que
la suite converge. Pour illustrer le phénomène,
on peut par exemple colorer les points du plan
complexe en n + 1 couleurs selon que la suite définie par la méthode
de Newton converge vers l'une des n racines d'un polynôme de degré
n fixé au bout de par exemple 50 itérations (la n + 1-ième couleur
servant aux origines de suite qui ne semblent pas converger).
Passons maintenant à un critère très utile en pratique :
Définition 4 (convexité)
Une fonction f continument dérivable sur un intervalle I de
est dite convexe si son graphe est au-dessus de la tangente en tout point
de I.
Il existe un critère simple permettant de savoir si
une fonction de classe C2 est convexe :
Théorème 3
Si f est C2 et
f'' 0 sur I alors f est convexe.
Démonstration :
L'équation de la tangente au graphe en x0 est
y = f (x0) + f'(x0)(x - x0)
Soit
g(x) = f (x) - (f (x0) + f'(x0)(x - x0))
on a :
g(
x0) = 0,
g'(
x) =
f'(
x) -
f'(
x0),
g'(
x0) = 0,
g'' =
f''
0
donc g' est croissante, comme g'(x0) = 0, g' est négative
pour x < x0 et positive pour x > x0, donc g est décroissante
pour x < x0 et croissante pour x > x0. On conclut alors que
g 0 puisque g(x0) = 0. Donc f est bien au-dessus
de sa tangente.
On arrive au deuxième théorème sur la méthode de Newton
Théorème 4
Si
f (r) = 0, f'(r) > 0 et si
f'' 0 sur [r, b] alors
pour tout
u0 [r, b] la suite de la méthode de Newton
un+1 =
un -
,
est définie, décroissante, minorée par r et converge vers
r. De plus
Démonstration :
On a
f'' 0 donc si f'(r) > 0 alors f' > 0
sur [r, b], f est donc strictement croissante sur [r, b]
on en déduit que f > 0 sur ]r, b] donc
un+1 un.
Comme la courbe représentative de f est au-dessus de la tangente,
on a
un+1 r (car un+1 est l'abscisse du point
d'intersection de la tangente avec l'axe des x).
La suite un est donc décroissante minorée par r, donc convergente
vers une limite l r. À la limite, on a
l =
l -
f (
l )= 0
donc l = r car f > 0 sur ]r, b].
Comme (un) est décroissante, on a bien
0 un - r,
pour montrer l'autre inégalité, on applique le théorème
des accroissements finis, il existe
[r, un] tel que
f (
un) -
f (
r) = (
un -
r)
f'(
)
comme f (r) = 0, on a
un -
r =
et la deuxième inégalité du théorème
en découle parce que f' est croissante.
Variantes :
Il existe des variantes, par exemple si f'(r) < 0 et
f'' 0
sur [a, r]. Si
f'' 0, on considère g = - f.
Application :
On peut calculer la valeur approchée de la
racine k-ième d'un réel a > 0 en appliquant ce deuxième
théorème. En effet si
a > 0, alors xk - a est 2 fois continument dérivable et
de dérivée première kxk-1 et
seconde
k(k - 1)xk-2 strictement positives sur
+ * (car k 2).
Il suffit donc de prendre une valeur de départ u0 plus grande que
la racine k-ième, par exemple 1 + a/k (en effet
(1 + a/k)k 1 + ka/k = 1 + a).
En appliquant l'inégalité du théorème, on a :
Pour avoir une valeur approchée de
à
près,
on peut donc choisir comme test d'arrêt
Par exemple pour , le test d'arrêt serait
un2 -2 2.
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