En 2008, l'épreuve expérimentale de maths en terminale S a été
testée nationalement pour la première fois. Nous proposons
ici un rapide survol des sujets et mettons en évidence quelques
faiblesses des thématiques des sujets.
Il est inévitable que les premières versions de l'épreuve
expérimentale aient des imperfections,
nous espérons que les énoncés des prochaines années tiendront
compte des défauts que nous relevons ici.
Cette année, 25 sujets ont été proposés. Les thèmes étaient les
suivants:
-
3: simulation de 3 dés,
comparaison de la fréquence de 9 et 10
- 10 et 66: marche aléatoire et retour à l'origine. Ces sujets
sont faits au tableur, mais on peut aussi
écrire un petit algorithme.
- 6: tangente à 2 courbes ex et e−x au point de même
abscisse
- 28: nombre de solutions d'une équation transcendante
simple
- 14: minimiser la distance d'un point à une courbe.
Le nombre de solutions peut s'étudier de manière générale,
mais la solution ne peut être calculée exactement que pour des
points très particuliers.
- 7 et 13 : 2 ou 3 suites récurrentes avec relation linéaire,
suites géométriques
- 30: suite récurrente un+1=un/n+1. L'étude numérique
suggère de montrer que la suite est décroissante à partir
d'un certain rang, ce qui n'est pas forcément le plus simple
pour prouver la convergence. Cet exercice est probablement
trop difficile.
- 44: moyenne des carrés. On ne voit pas trop l'intérêt
d'une représentation graphique pour conjecturer un résultat
s'il a été obtenu formellement (noter que les calculatrices formelles
donnent le résultat).
- 20, 21: lieu de points avec similitude (spécialité)
- 39: géométrie dans le plan et similitudes
- 90: lieu de points dans le plan
- 26: géométrie dans le plan, orthogonalité et distance.
- 45: définition géométrique de la parabole.
- 93: orthocentre de 3 points sur une hyperbole. Difficile
sans calcul formel.
- 29: maximiser une aire dans l'espace. Difficile sans
calcul formel. On demande d'ailleurs d'admettre que MNPQ
est un rectangle.
- 33: minimiser une distance dans l'espace.
Sans calcul formel, le calcul des coordonnées des 2 points
est trop difficile et le sujet doit les donner. Les 2 parties
géométrie dans l'espace et minimisation sont donc
partiellement déconnectées,
on peut donc s'interroger sur la pertinence de ce sujet.
- 62, 72 lieu dans l'espace. Difficile pour l'arc de cercle
du 72, c'est sans doute pour cela qu'on laisse le choix du lieu
au candidat...
- 63: arithmétique modulo p, au tableur.
- 97: solution d'une relation de congruence.
- 71: intégration par la méthode des rectangles, au tableur.
Certains thèmes du programme de TS (ou spécialité)
sont sous-représentés: par exemple l'intégration (1 seul sujet),
les tableaux de variation (2 sujets), dans une moindre mesure
l'arithmétique (2 sujets contre 3 pour les similitudes),
les suites adjacentes (0), le ln (0), le barycentre (0),
peut-être parce que l'utilisation des TICE dans ces sujets fait
plus naturellement intervenir le calcul formel ou l'algorithmique.
De ce fait la géométrie est sur-représentée (7 sujets dans le
plan, 4 dans l'espace).
Les complexes ne sont pas explicitement
abordés (ils ne peuvent intervenir que par leur représentation
dans certains sujets de géométrie).
-
Les sujets de géométrie dans l'espace sont difficiles,
au point qu'ils nécessitent parfois d'admettre des résultats.
- L'utilisation du calcul formel n'est nulle part
explicitement requise, et dans certains cas son utilisation
peut trivialiser le sujet (44). Dans d'autres cas, il parait
quasi-indispensable pour résoudre le sujet (orthocentre
du sujet 93) ou aurait pu éviter de faire admettre un résultat
(sujets 29 et 33).
- L'algorithmique est presque absente (en-dehors d'un
test dans le tableur) alors qu'elle aurait pu
être présente, par exemple en arithmétique, simulations,
suites récurrentes, intégration, ...
Ces deux derniers points sont particulièrement notables
car la programmation et le calcul formel sont des
compétences qui sont au programme, et
ce sont bien plus ces compétences qui seront
utiles dans le supérieur que la maitrise d'un logiciel
de géométrie dynamique (qui ne servira essentiellement
qu'aux futurs candidats au capes de maths).
Pour finir, signalons qu'on trouve sur
le site pédagogique de Xcas
http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~parisse/irem.html#bacs
des sessions illustrant les
25 sujets (à notre connaissance, Xcas est le seul logiciel
permettant de traiter tous les sujets proposés cette année) dans
une optique d'utilisation (volontairement caricaturale dans
certains cas) du calcul formel.
Au moins 2 classes ont passé l'épreuve expérimentale avec Xcas
(M. Gandit, lycée international de Grenoble et L. Degraeve
dans un lycée classé en zone sensible de l'académie de Lille).
P.S. (8 juillet): On trouve sur le site
http://euler.ac-versailles.fr/bacS/resultats2008.htm
quelques statistiques intéressantes sur les sujets qui ont
réellement
choisis, ici dans l'académie de Versailles.
Elles illustrent certaines des remarques ci-dessus, en
particulier sur la disproportion entre le nombre de
sujets de géométrie proposés et le programme, ainsi si on
classe les sujets par le nombre d'élèves qui l'ont traité,
le premier sujet de géométrie (le 45 sur la parabole)
arrive en 7ième position,
derrière 6 sujets d'analyse (7, 6, 28, 30, 13, 14), ces
6 sujets obtenant la majorité absolue (54.7%).