J.-P. Demailly Formules de Jensen en plusieurs variables et applications arithmétiques Bulletin de la S. M. F, tome 110 (1982), p. 75-102. © Bulletin de la S. M. F., 1982, tous droits réservés. L'accès aux archives de la revue « Bulletin de la S. M. F. » (http://smf. emath.fr/Publications/Bulletin/Presentation.html), implique l'accord avec les conditions générales d'utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d'une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. NUMDAM Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Bull. Soc. math. France. 110. IW2. p. 75-102 FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES ET APPLICATIONS ARITHMÉTIQUES PAR J.-P. DEMAILLY (*) Résumé. - En utilisant une généralisation à plusieurs variables de la formule de Jensen, nous démontrons de nouveaux lemmes de Schwarz dans C". La méthode repose sur une minoration des nombres de Lelong d'un courant positif fermé. Nous en déduisons le théorème de E. Bombieri sur les valeurs algébriques de fonctions méromorphes, ainsi que quelques résultats nouveaux sur les zéros de polynômes dans C". Abstract. - Using a generalization in several variables of Jensen's formula, we prove new Schwarz' Lemmas in C". The method rests upon a lower bound for Lelong numbers of closed positive currents. As a conséquence, we nnd another proof of E. Bombieri's Theorem on algebraic values of meromorphic maps, together with some new results conoeming zéro sets of polynomials in C". 0. Introduction . Étant donné un système de /i+l fonctions méromorphes d'ordre fini /"(/n - - ->/»+i) da^s C", algébriquement indépendantes et vérifiant des équations différentielles, les points algébriques de / sont situés sur une hypersurface algébrique dèC". Ce résultat, d'abord démontré par T. Schneider et S. Lang dans le cas n= 1, a été étendu en plusieurs variables par E. Bombieri [1] au moyen des estimations L2 de L. Hôrmander pour l'opérateur è. La méthode de E. Bombieri, qui a été reprise et améliorée ensuite par H. Skoda [8], fournit simultanément une majoration pour le degré de Fhypersurface. Le lecteur pourra consulter l'article récent de P. Lelong [5] pour quelques compléments sur le sujet. (*) Texte reçu le 9 février 1981, révisé le 23 mai 1981. J.-P. Demailly, Université de Paris-VI, Laboratoire d'Analyse complexe et Géométrie, Département de Mathématiques, Tour 46-0,4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE - 0037-9484/1982/ 75 /$ 5.00 © Gauthier-Viliars 76 J.-p. DEMAILLY Le présent travail a pour but de démontrer le théorème de Bombieri sans utiliser les estimations L2, grâce à une extension convenable de la formule de Jensen en plusieurs variables. Cette extension (cf. §1) fait intervenir une généralisation des notions de mesure trace, mesure projective, et nombre de Lelong d'un courant positif fermé (cf. P. Lelong [4]). Lorsque la fonction d'exhaustion cp de référence est approximée par une fonction homogène \|f, l'utilisation de l'égalité (i Ôd Log t|/)" s 0 fait disparaître le terme correctif de convexité, et conduit à un lemme de Schwarz assez général dans C". Le lemme ainsi obtenu nous permet de retrouver le théorème de Bombieri avec une majoration différente, optimale pour /z=2, du degré des hypersurfaces. Le dernier paragraphe est consacré à l'étude des polynômes s'annulant sur un sous-ensemble fini de C" (cf. M. Waldschmidt [9] et [10]). Nous avons pu prouver sous certaines hypothèses une conjecture de G. V. Chudnovsky, dont une démonstration partielle (pour le cas n=2) a été annoncée dans [2J. A notre connaissance, aucune preuve écrite ne semble toutefois avoir été publiée à ce jour. L'utilité des formules générales de type Poisson-Jensen m'a été suggérée par un cours de M. H. Skoda, professé à l'Université de Pierre-et-Marie-Curie en 1979. Je remercie vivement MM. Henri Skoda et Michel Waldschmidt pour d'utiles remarques qui ont contribué à améliorer la rédaction du présent travail. 1. Formules générales de type Poisson-Jensen Les résultats qui suivent sont classiques dans leur principe, et constituent une généralisation naturelle de la méthode employée par P. Lelong [4] pour prouver l'existence des nombres de Lelong d'un courant positif fermé. Nous avons préféré cependant redémontrer toutes les formules, pour en donner une version adaptée aux applications envisagées. Soit X une variété analytique complexe de dimension n > 1, cp une fonction de classe C2, à valeurs dans l'intervalle ] - oo, *[, et exhaustive sur X. Pour tous réels r < R et rx < r2 < R9 on pose : B(r) = {zeX;q>(z). On note enfin : a = /33(Log 0}, ' p = iddq>. Théorème 1. - Soit Tune forme de classe C2 et de bidegré (n -p, n - p) sur X, 1 ^p < n.Sirx etr2,0 9 on a la formule : a) r, ' JB(t) "M r2 JSir3) Ta p*"1 a id

0 dans toute la suite). Il est clair que : ./* dq> +/* ?cp = y* = d(

/,) = 0. Un calcul immédiat fournit d'autre part : i d 5(p i dcp a 5cp cp cp2 d'où y* a =y* P/f; il en résulte d'après la formule de Stokes : f issrAp'-1»! -^/arAp'"1) JB(t) JBU) = -| idTAy-^-t"-1 I iôTAOL"-1. JS(t) JS(t) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 78 J.-P. DEMAILLY On obtient donc : Pif »ir.r.-fsM «»»^ J rt l jB(t) J rt < Js(l) = - idLogcp aôTa a""1. Comme les formes de bidegré (n+1, w - 1) et (h-1, w+1) sont nulles, il vient : idLogcp a dT a ap~1=idLogq> a dT a ap~x = /3Log9 AdT a a*""1 = -rf(rAarl a i3Log- Ta oc", JdB(rt,r2) JB[rltrt) expression qui est égale précisément au second membre de la formule (1), compte tenu de l'égalité Jf a =jf $/t. M Les corollaires 1, 2, 3, 4 qui suivent sont des conséquences simples mais fondamentales du théorème 1. Corollaire 1. - Soit Tun courant fermé (Tordre 0 sur X (i. e. dT=0 et les coefficients de T sont des mesures de Radon), de bidegré (n-p9 n-p). Alors pour tout rl9 r2, 0 < rx < r2 < R, on a les égalités : (2) yp \ JaP'-I f rAP'-f lAa'. (2) if TaP'-I f TAp-f Taol'9 Démonstration, - La deuxième ligne se déduit de la première en remplaçant rl9 r2 par rl +e, r2 + 6 et en faisant tendre 6 vers zéro. Comme dans le théorème 1, on peut supposer que

0 tels que S(t) ne soit pas négligeable pour l'une des mesures coefficients de T, dT ou /35!Test au plus dénombrable. Soit alors (p£) une famille de noyaux de convolution dans la carte locale considérée. Appliquons l'égalité (3) à la forme régularisée 7* pe; il vient, en notant xB{fi) la fonction caractéristique de l'ensemble B (rj : [ (r^Ap^frAtp^x^p')] -frAXe^si md, lB(r,) J J car (Xs(r,) Pp)* Pc converge simplement vers Xbm Pp sur le complémentaire de l'ensemble T-négligeable S (rx ). On raisonne de même pour les autres termes (avec r2^D, t£D). ? On rappelle qu'un courant Tde bidegré {n-p, n-p) est dit (faiblement) positif si le (n, n)-courant : iP T A Uj A Mj A ... A Up A Mp, est une mesure positive, pour tout système(u1,u2, .. .,up)de(l,0)-formesde classe C00. Test alors un courant d'ordre nul. Le corollaire 1 entraîne immédiatement le résultat suivant. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 80 j.-p. demailly Corollaire 2. - On suppose que lafonction Log 9 est plurisousharmonique sur l'ouvert {

0}. Alors, pour tout courant positif fermé T de bidegré (w- /?, n-p) sur A\ lafonction positive : T JB(r) est croissante par rapport à r. En particulier, la limite : r JB(r) existe toujours. Le corollaire 2 est classique lorsque X = CH, et cp(z)=|z|2 = |z112+ ... +\zH\2 (P. Lelong[4]). On désigne alors par : Pp ar= T a ^, ,, la « mesure trace » de T, 2pp ! vr= T a clp, la « mesure projective » de T, de sorte qu'on a la formule : avec la notation usuelle 2* (r)=\z e C"; | z \ < r}. La limite vr(0)=limr-oPÏ/7tPr2p àoT est appelée nombre de Lelong Jb(d du courant T au point 0. Nous allons maintenant examiner le cas important /?=n. Corollaire 3. - Soit V une fonction plurisousharmonique sur Xf rx, r2 deux valeurs régulières de -| Fa". ri JS{rt) JB(rttr2) TOME 110 - 1982 - N°l FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 81 Démonstration. - Soit (Uj) un recouvrement de X par des domaines de cartes U} aczX, (tyj) une partition de l'unité subordonnée au recouvrement (Uj), (p)) une famille de noyaux régularisants à symétrie sphérique dans l'ouvert Uj. On applique la formule (1) à la suite de fonctions C°° : qui converge simplement vers V en décroissant. On raisonne alors comme dans le lemme 1, en utilisant le fait que Ket rfFsont dans L^, et que le courant positif iôdVest d'ordre0. Les détails sont laissés au lecteur. ? Corollaire 4. - On suppose que toutes les valeurs critiques positives de

0}, et que la forme a" est identiquement nulle. Alors on a la formule : Jr, '" Jb") H r* ->*<"> P . *? Js,f|l H ef lafonction r »-? 1 /rn K pn "1 a / 2(p &sf croissante convexe par rapport à Log r. JS(r) Démonstration. - La dérivée à gauche : JLogï existe, et elle est donnée par l'expression : iôSKaP""1, À I " r jB{r) qui est fonction croissante de Log r (corollaire 2). ? Dans C, si on choisit cp (z)=|z|2, on vérifie que : ot'sO, iôdVA P"-^ -î-AK.pB = 2"-2(w-l)!AF.^, 4 w ^(P""1 Ai39)«2"-1(n-l)!rdSf où dk désigne la mesure de Lebesgue dans CR, et dS la mesure superficielle de la sphère S(r)={zeCB; |z| = r}. L'égalité du corollaire 4 se transcrit donc BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 82 J.-P. DEMAUXY sous la forme classique : Pjêrf W-A-^f rm-^t y*. 2. Estimation des nombres de Lelong Dans les applications à la théorie des nombres, nous utiliserons les formules précédentes pour des courants du type : T--ddhog\F\9 où F est une fonction entière. D'après l'équation de Lelong-Poincaré, Test le courant d'intégration sur le cycle analytique défini par F; T est donc un courant positif fermé de bidegré (1, 1). Dans ce paragraphe, nous supposerons plus généralement que F est une fonction analytique dans un ouvert Q de C"; la fonction plurisousharmonique Ksera le potentiel K= Log | F | du courant T=(i/n) dd Log | F |, et on choisira pour

0. Alors pour tout re]0, R[9 on a: s^L.rAP""i>''1 -5-1 (I)- (1 ) Ces estimations sont en fait valables dans une situation beaucoup plus générale, et nous ont permis d'encadrer les nombres de Lelong associés à l'image directe d'un courant positif fermé <«*P1). TOME 110 - 1982 - N°l FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 83 Démonstration. - Notons que d'après les hypothèses, l'ensemble analytique {zeco; F1(z)-... =FN(z)=0} est compact, donc fini, ce qui entraîne N ^ n. Le résultat est clair pour h=1. Dans le cas général n ^ 2, nous procéderons d'abord à quelques réductions, et nous poserons z0=0 pour simplifier. Étape 1. - Soient Pl9.. ,9PN les polynômes homogènes de degré -jj, ..., sN égaux aux parties principales des développements de Taylor de Fx, ..., FN au point 0. Il n'est pas restrictif de supposer que les polynômes Pl9 ..., Pn s'annulent simultanément au seul point 0. En effet, les polynômes homogènes Pl9 ..., Pn de degré sl9 ..., sH qui ne vérifient pas cette condition, constituent un ensemble algébrique A dans l'espace C des familles de coefficients. Il suffit donc de substituer à Fl9 ..., F" des fonctions F*, ..., FJ, telles que | FJ-Fj| < e sur ½, obtenues en approchant les parties principales de Fi9 ..., Fn par des polynômes P\9 ..., P\ dont le point représentatif est situé dans C*\A. On remplace

cpe(z), de sorte que Rt^(s/R-es/n)2>rt. D'après le corollaire 2, appliqué à la variété : Ar = {z¤©;cpi(z)e est plurisoushannonique. Vu les hypothèses sur les parties principales des fonctions F\, ..., F£, F-+1, ..., FN, il est clair que : Zj.1|FJ(r)|a>C1|2|^, avec des constantes C1} C2, C3 >0. Par suite, la fonction ... ^SN dons C", tels que la fonction : 9W=iy.ilP^)l2, soit exhaustive, et doit T-i/n dd Log |P|, P = zdd Pl> - - -» P«> Ul » - - -> Un2* n'ont pas d'autre zéro commun que le point 0 (sinon modifier légèrement P" ....P., u,, ...,iv). (7) Il existe une petite constante c>0 telle que : HJmn+1\Pjiz)\2>c\z\»; (augmenter au besoin JV, et introduire des polynômes de degré ô" ayant de petits coefficients). Il est clair qu'on a des égalités de la forme : p£ = rj + ££. j a} (z) duj a dûj. (8) K'1=^n'1^Ié\i\ + \j^n-uj\>iau(z)dwIAdwlAdujAdûj, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHEMATIQUE DE FRANCE 88 J.-P. DEMAILLY où la somme est étendue aux multi-indices croissants : I={h> ...,**}<={1,2, ...,/i}, J-{jl9 ...,./,}<={ 1,2, ...,n2}, et où : |/|=fe, * |J| = /, dw^dw^A ... *dwik, dUj-du^A ... Adujr L'inégalité (7) entraîne : ,0, f \aj(z)\ ^C.a + UI2)6-^-1/ w ll^Wlw,-1. En vertu de la condition (6), on a de plus : (10) l + |z|2|2)1/5- et l'inégalité \w\2

. TOMK 110 - 1982 - N° 1 FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 89 Comme | Q (w) | < [C5 (1 +1 w \ )m-f*> 8-, Q se prolonge en un polynôme de degré #<88! ... 8n_ls et on a donc classiquement : (14) limp_+00-i-T| iôâLogieiA^-^^^S^ ...8.^. Il nous reste à majorer les termes correctifs issus de l'identité (8). On a, en posant m=|/|2 + |J|2 : T A û7 j (z ) dlVj A dïÔj A fl&ij a dûA ' * V.l:Kp I (l-hp)1^)6-0^-1]171, on obtient donc (compte tenu de ce que \I\ + \J\=n - 1)* (z)dwjAdWjAdujAduj I ^C6(1+pr-,-e|J|. La conclusion se déduit des lignes (4), (5), (8), (13), (14), (15). ? Les propositions 1 et 2 admettent les conséquences suivantes (corollaires 5 et 6), qui nous seront utiles ultérieurement. Corollaire 5. - Soient Fl9 ..., FN des fonctions holomorphes dans un ouvert Cl de C", qui s'annulent respectivement aux ordres sx ^s2 < ... ^sNen un point z0eCl. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 90 J.-P. DEMAILLY On pose cp(z)=^=1 |F^(z)|2, P = /dd(z), soit >0. Alors pour tout re]0, R[ on a : -- F>sxs2...sm. (2nr) JB(r)n½ On voit que la quantité limr _, 0 î 11(2 n r)n \ ? p" doit être considérée jB(r)r\co comme une « multiplicité d'intersection » au point z0 des cycles analytiques définis par les fonctions F/9 il resterait à en trouver une interprétation géométrique précise. Démonstration. - On identifie C" à l'hyperplan zn+i=0 de C"+1. On pose : ffri. ...,zll+1)=zn+1, T=±ddLog\F\9 FK+i(zt, ?-..«?+i)-«*+i, avec 5W+1>*N, Comme Test le courant d'intégration sur l'hyperplan C", il est clair que : \£Tir) JB(r)n ... >8N dans C" tels que la fonction : 9(*)-2j-iIW. 50/f exhaustive et soit p = i 33cp. >4/or5 : TOME 110 - 1982 - N° 1 FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 91 3. Un lemme de Schwarz dans C" On considère comme précédemment une fonction entière F dans C", et des polynômes Pl9 P2, ..., PN de degré ô, dont les parties homogènes de plus haut degré Ql9 Q2, ..., QN admettent pour unique zéro commun le point 0. On pose : q>w-Ey-il^wla, p-i-aâtp, r=i3âLog|F|, |F|,=sup|2|-33Log|F.|. 71 Pour tout R^r, l'inégalité du théorème 2 résultera de l'inégalité : soit, quitte à remplacer (Ffl, Ta) par (F, T) et R par rRC~1/2& : (16) I, r-L^-'^-'-'^wk- pour tout R^l; on choisira alors C"1/2ô=l + C1. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 92 J.-P. DEMAILLY Étape 2. - Pour établir (16), nous écrirons PJ"1 sous la forme : PU-1 = y"""1 + termes de degré inférieur et nous décomposerons le premier membre de (16) en la somme de la partie Ç#*dt f principale - Ta y" S et d'un certain nombre de termes correctifs. Il est clair qu'il existe des constantes C2, ..., C7 telles que : (17) (18) (19) (20) (21) |r|.(2)).1/M, C;l\z\2t* + (z)*Ci\z\U, Mz)*V.(z)+C4(l + \z\y 28-1 P^Y + Qd + lzl)28"3!!, où îi = ^|z|2, P--1T|"-1. D'après (17) et (19), on a : sup,.w<, ^ (z) < suP«>.,<.->- » ^ (r) 0 + Cl(l+C2(l + /)1'2S)2S-1<, LogpJ "«".)",,<" D vient donc (ç/: (26), (28)) : J 1 ' J|z|2 1/f""1 Ta pj"1 est croissante, l'expression -a" r J*-(z)<' Ta pj"1 est fonction convexe de la variable LogR. On a donc : Log(Rec") Ç*"dt f " 0..,^rC",M^ d'après (30), avec Cl =C18 eCil. L'inégalité (16) en résulte. ? Le lemme de Schwarz précédent est d'autant plus utile que les fonctions F, Pl9 ..., PN ont de nombreux zéros communs. En combinant le théorème 2 avec la proposition 1, on obtient ainsi la : Proposition 3. - Soient Pl9 ...,PN ^s polynômes de degré 8 de C[zu ..., zn], dont les parties homogènes de plus haut degré admettent pour unique zéro commun F origine. Il existe une constante C{^\ ayant les propriétés suivantes. Soit F une fonction entière dans C". Soit R^r^l et w^ ..., wm des zéros deux à deux distincts de F, Pl9 ..., PN d'ordre ^s, sx, ..., ss respectivement, avec sl^.s2 < -.. ^%. Alors : Log | F |r0, où les co notations 0, ce qui entraîne : CR2i TAF-1M2ny-1mss1...sH_lLog-^ir La proposition 3 résulte alors du théorème 2 (avec C^C"1'25). ? Soit maintenant S une partie quelconque de C". On note

    f, on ait pour tout R^r^l : * ,*? t ,*, 8(8+1)... (6+n-l). R Démonstration. - Notons : m(8) /8+n-l\ (S + l)...(8+n-l) -{ n )- . "! la dimension de l'espace vectoriel C [z]B des polynômes de degré < ô dans C". Un raisonnement élémentaire d'algèbre linéaire conduit au résultat suivant. Lemme 4. - On peut trouver m = m(6) points wl9w2, ..., wme S qui ne sont situés sur aucune hypersurface de degré < 8. // existe alors un unique polynôme de degré <8 prenant des valeurs données aux points wl9 w2, ..., wm. En effet les différentes formes linéaires sur C[z]6 définies par P\->P(w), weS, s'annulent simultanément pour le seul polynôme P=0 (par hypothèse ©1(5)^S). On peut donc trouver m=m(5) formes (correspondant à des points wl9 ..., wmeS) qui constituent une base de l'espace dual C [z]J. Les affirmations du lemme 4 ne sont qu'une autre formulation de cette propriété. ? En particulier, il existe des polynômes Pl9 ..., PN de degré 6, s'annulant aux points wl9 ..., wm, et dont les parties homogènes de plus haut degré forment une base de l'espace des polynômes homogènes de degré 6. Le corollaire 7 est donc conséquence de la proposition 3 en prenant m = m(8), S=f, 5j=52= ... =5^=1. ? TOME 110 - 1982 - N°l FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 97 Nous pouvons améliorer l'inégalité du corollaire 7 moyennant des renseignements supplémentaires sur la répartition des points de S. Si S est un produit cartésien S=St xS2 x ... xSH suivant les directions d'une base de C", il est facile de montrer qu'on peut remplacer le nombre : 8(8 + 1).. .(S+ii-l) /IÎ8"-1 par tout entier 8 tel que : 8^û)1(S)=min1i(K;|./|="})=8. On observe que le polynôme Pk= £|/|-*-*^/> K&^/i, a pour degré 8+k-1 et que Pk s'annule à l'ordre k en chaque point wy, il est aisé de vérifier d'autre part que les parties homogènes de plus haut degré des polynômes Pu ...,Pn n'ont pas d'autre zéro commun que le point 0. Posons x = 8 (8 +1 )... (8 + n - 1 ); si l'on applique la proposition 3 aux polynômes de degré x : dt/6 pt/6 +1 pt/6 + n -1 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 98 . J.-P. DEMAILLY avec m=m(5)9 s=t9 sk=kx/b+k-l9 il vient : Corollaire 8. - Soit S une partie de C" contenant un poly tope complet à sommets. Il existe une constante C3^l, telle que si F est une V n ) fonction entière ayant en chaque point de S un zéro (Tordre ^ /, on ait pour tout R^r^l : i «i ^x i »? o + w*--l_ R Log|F|rOetfj=gj/hj avec : \gj(z)\ + \hj{z)\*ciLp(Bj\zir' + Cj), l^j**d, hj(wk)*09 l^j^d, Kk*m. TOME 110 - 1982 - N° 1 FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 99 Les méthodes arithmétiques classiques (voir par exemple M. Waldschmidt [10], §5.4) permettent alors d'obtenir le résultat suivant. Lemme 5. - // existe des constantes positives r, Cl9 C2 et une suite (Ft) de fonctions entières dans C" (où t décrit une partie infinie 2T de H) telles que : (31) Ft s'annule à F ordre t aux points wl9 w2, ..., u?m; (32) IF,!,^*)-'**"; (33) / fd-n \l/(p1 + ...+p,) La majoration du théorème 3 résulte aisément du corollaire 7 appliqué à la fonction F = Ft et à R-R(t\ quand f-> +oo. ? Le théorème 3 entraîne en particulier l'inégalité : 2. a-n Ici encore, il est possible de faire mieux si l'on connaît plus précisément l'ensemble S. Dans une première tentative de démonstration en plusieurs variables du théorème 3, S. Lang a montré que si S contenait un produit cartésien S1 x S2 x ... x S" alors on avait : MS, x ... xS.) = mmu^.cardSJ< Pl*d^Pd[[K:Q]]. D'une manière analogue, les corollaires 7 et 8 fournissent le résultat suivant, qui semble ne pas avoir été établi à ce jour par la méthode des estimations L2. Proposition 4. - Si w=l, 2, ou si S contient un polytope complet à 1 ) sommets (en particulier si ©x (S)= 1, 2) alors : n ) col(5H,-l^p1+ +p, n d-n Il paraît naturel de conjecturer que ce résultat reste valable dans tous les cas. La méthode de E. Bombieri, améliorée par H. Skoda [8], en donne une bonne approche : (34) ^£i±p±££p::Q]]. n d-n BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 100 J.-P. DEMAILLY 5. Polynômes s'annulant sur une partie finie de C" Soit S une partie finie de C". Suivant M. Waldschmidt [9], nous noterons, pour tout entier f>0, ©f (S)=degré minimum des polynômes P qui s'annulent à l'ordre t sur S. De la propriété de sous-additivité : (ùti+t2(SH «WKiffl. ij-f-W - 1 t2 pour tout couple (ti9 f2) d'entiers positifs; il a prouvé aussi le lemme de Schwarz suivant. Propositions. - Soient S une partie finie de C" et eun nombre réel,E>0. Il existe un nombre réel positif r0=r0 (S, e) tel que pour tout entier t>0et pour toute fonction entière F dans C" ayant en chaque point de S un zéro (Tordre ^ f, on ait : ~ Log|F|ri(S) TOME 110 - 1982 - N°l FORMULES DE JENSEN EN PLUSIEURS VARIABLES 101 on voit que (36) permet de retrouver la majoration (34). G. V. Chudnovsky [2] a conjecturé que l'on avait l'inégalité plus forte : (37) Q(^t nlvASr-i ' et en faisant à nouveau tendre t vers + oo : Proposition 6. - Pour toute partie finie S de C", on a : ^owMS)(<»i)(S)+l)M(Oi(S)+tt-l) Si n = 1,2, ou si S contient unpolytope complet a I I sommets (en particulier si (ùx (S)= 1, 2) alors : ^/^ a>i(S) + n-l n Observons que l'inégalité (37) ne peut pas être améliorée. En effet, avec les notations du corollaire 8, lorsque S est un polytope complet à I ] sommets, le polynôme : P=AX A2 . - - As+n^l, r. est de degré ô + « - 1 et s'annule à l'ordre n en tous les points de S. On peut se demander si plus généralement on n'a pas : Q(S)^-^-? -, t + n-1 pour tout entier f >0, mais ce résultat semble inaccessible par les méthodes précédentes lorsquej^2. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ MATHÉMATIQUE DE FRANCE 102 J.-P. DEMAILLY BIBLIOGRAPHIE [1] Bombieri (E.). - Algebraic values ofmeromorphicmaps,//ive«//V?«^AfflrA., Vol. 10,1970, p. 267-287 et Vol. 11, 1970, p. 163-166. [2] Chudnovsky (G. V.). - Singular points on complex hypersurfaces and multidimensional Schwarz lemma, Séminaire Delange-Pisot-Poitou, 21e année, 1979-1980, Progress in Math., n° 12, p. 29-69, Marie-José Bertin, éd., Boston, Basel, Stuttgart, Birkhâuser, 1981. [3] Demailly (J.-P. ). - Sur les nombres de Lelong associés à rimage directe d'un courant positif fermé, à paraître aux Ann. Inst. Fourier, t. 32, fasc. 2, 1982. [4] Lelong (P.). - Fonctions plurisousharmoniques et formes différentielles positives, Gordon and Breach, New York, et Dunod, Paris, 1967. 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