En mémoire de Lucien Guillou
Lucien Guillou était un mathématicien, étudiant de Larry Siebnmann, enseignant aux universités d'Orsay, Genève et Grenoble, directeur de thèse et directeur d'UFR.
Lucien a été nommé professeur à l’Université de Grenoble le 1er octobre 1991 vingt ans après son recrutement en 1971 à Orsay comme assistant auxiliaire. Il était donc issu de l’école de topologie d’Orsay autour de Laurent (Larry) Siebenmann. Il s’est plus particulièrement intéressé à la topologie de basse dimension, c’est-à-dire les dimensions 2, 3 et 4.
Il parlait de sa jeunesse mathématique comme d’une période exaltante marquée par des avancées importantes. Orsay était d’ailleurs à cette époque le centre de la topologie en France. Parmi les travaux de Lucien, avec le risque d’être un peu réducteur, je voudrais mentionner l’étude des difféomorphismes du plan et des surfaces avec des extensions de certains théorèmes de Brouwer (dits théorèmes de translation), sujet avec peu de technologie à disposition donc d’une grande difficulté. Lorsqu’il est arrivé à Grenoble, les topologues étaient Jean Barge qui a fait un court séjour à l’IF, Yves Carrière, Francis Sergeraert, Vlad Sergiescu (qui se dit topologue à 75% seulement). En même temps que Lucien, a été recruté Peter Greenberg comme MCF qui est malheureusement décédé accidentellement peu de temps après. Comme Vlad, j’ai l’impression que Lucien a été (officiellement ou pas) chargé de développer la topologie dans notre laboratoire. L’année suivante son complice de toujours Alexis Marin est arrivé et Christine Lescop en 1993. [...]
Autour de ce noyau le thème topologie s’est alors développé à un rythme soutenu jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Au risque de froisser des collègues je pense vraiment que Lucien a joué un rôle moteur dans ce développement. Il a eu plusieurs élèves dont Frédéric Leroux actuellement professeur à l’Université PVI et également spécialiste de topologie en dimension 2. Lucien avait une vraie passion pour les mathématiques et dix jours avant son décès, lors de notre dernière discussion, cette passion était toujours vivace.
Lucien a assumé des tâches administratives comme la responsabilité de la bibliothèque et la direction de l’UFR de mathématiques [...]. Même si quelques-unes des affirmations ci-dessus relèvent de l’interprétation plutôt que de la réalité je crois pouvoir affirmer que l’apport de Lucien à l'évolution scientifique du laboratoire a été considérable et en a changé le paysage.
Gérard Besson, Directeur du laboratoire 2011-2015
En mémoire de Jean-Louis Kozul
Jean-Louis KOSZUL est né en 1921. Après des études au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg, il intègre l’école Normale Supérieure de la rue d’Ulm en 1940, où Henri CARTAN venait de prendre la responsabilité des élèves mathématiciens. CARTAN sera le directeur de sa thèse, qu’il soutient en 1949. Il est ensuite nommé maitre de conférences, puis professeur à l’université de Strasbourg, où il reste jusqu’en 1963. Il s’installe définitivement à Grenoble en 1963 dans le cadre d’un échange de poste avec Georges REEB, qui retourne à Strasbourg. Il part en retraite en 1986, mais reste très actif durant encore de nombreuses années au sein de l’Institut Fourier. Il a fait partie du groupe Bourbaki et était membre correspondant de l’Académie des Sciences depuis 1980. Il a été président de la Société Mathématiques de France en 1978 et s’est fortement impliqué à cette époque dans la création du CIRM (Centre International de Rencontres Mathématiques) à Luminy.
Jean-Louis KOSZUL a été un géomètre et un algébriste de tout premier plan. La portée de sa thèse « Homologie et cohomologie des algèbres de Lie » et de ses premiers travaux a été très vite reconnue. On lui doit des théorèmes profonds qui ont fait sensation et permis des progrès importants dans de nombreux domaines de l’algèbre et de la géométrie. Citons en particulier sa conférence au fameux colloque de topologie de Bruxelles en 1950, où il introduit un complexe d’algèbre différentielle graduée qui deviendra le « complexe de Koszul», qui fera une très belle carrière et aura de nombreuses applications, parfois inattendues. KOSZUL a été un pionnier dans beaucoup d’autres domaines, notamment pour la notion de suite spectrale, et la présentation des connexions à partir de la dérivée covariante que nous connaissons aujourd’hui. Par la suite, on lui doit des contributions fondamentales en géométrie différentielle, sur les groupes de transformations, les espaces homogènes complexes, la cohomologie de Gelfand-Fuks et les super-variétés.
Jean-Louis KOSZUL a largement contribué à la visibilité internationale de l’Institut Fourier, grâce au rayonnement de sa pensée mathématique dans le monde entier, et aux nombreux cours remarquables qu’il a dispensés, notamment au Brésil et au Tata Institute de Bombay. Il convient aussi de mentionner les liens privilégiés qu’il avait établis avec les représentants de l’école japonaise de géométrie différentielle et aussi les mathématiciens suisses de Genève et Lausanne. Il était docteur Honoris Causa des universités de Lausanne et Sao Paulo. De nombreux jeunes chercheurs étrangers sont venus travailler sous sa direction à Grenoble et ont assisté au séminaire KOSZUL, le séminaire d’algèbre et géométrie de l’Institut Fourier, qui sera souvent animé par ses élèves, parmi lesquels on peut citer J.HELMSTETTER, D. LUNA, J. VEY, T. VUST.
Jacques Gasqui, Directeur de l'UFR 1986-1988 et 2002-2005
Interview de Jean-Louis Koszul réalisée en novembre 2016 à l'occasion des 50 ans du bâtiment de l'Institut Fourier :
En mémoire de Maryam Mirzakani
The committee of AIF is deeply saddened by the death of Maryam Mirzakhani, a prominent member of the mathematical community. For many months she struggled, with all the courage and persistence so characteristic of her, against a recurrence of cancer. But this time the challenge was too great even for someone as remarkable as Maryam was. Stanford mathematics Professor Maryam Mirzakhani was a member of the AIF Editorial Commiteee since 2012. Her honors include the 2009 Blumenthal Award for the Advancement of Research in Pure Mathematics, the 2013 Satter Prize of the American Mathematical Society and the 2014 Fields Medal. Mirzakhani was born in Tehran, Iran. She first gained international recognition during her high school years: in 1994 she earned a gold medal in the International Mathematical Olympiad and the following year, she again won another gold medal, this time achieving a perfect score. After graduating from college at Sharif University in Tehran, she headed to graduate school at Harvard University, where she worked under Curtis McMullen. At Harvard, Mirzakhani gained a reputation for her determination and her relentless questions. McMullen described Mirzakhani as filled with ”fearless ambition”. Her 2004 dissertation was a masterpiece in which she solved two longstanding problems. After her doctorate at Harvard, Mirzakhani accepted a position as assistant professor at Princeton University and as a research fellow at the Clay Mathematics Institute before joining the Stanford faculty in 2008. She was awarded the Fields medal in 2014 for her striking and highly original contributions to geometry and dynamical systems. Her work on Riemann surfaces and their moduli spaces bridges several mathematical disciplines – hyperbolic geometry, complex analysis, topology, and dynamics – and influences them all in return. Mirzakhani’s early work concerns the behavior of the number of simple closed geodesics on a hyperbolic surface. The classical prime number theorem for geodesics states that the number of closed geodesics whose length is less than some bound Ls asymptotic to $eL/L$ for large $L$. The behavior is very different in the case where one counts only the simple closed geodesics, namely those which do not intersect themselves: the number of simple geodesics of length at most $Ls$ asymptotic to $c.L6g−6$ for large $L$, for some constant c depending on the hyperbolic structure. Generalizing earlier work of McShane, Mirzakhani established a link between the volume calculations on the moduli space of curves and the counting problem for simple closed geodesics on a single surface. Her calculations of certain volumes of moduli space, not only yielded to a proof of the counting result for simple closed geodesics but also give another unexpected roof of a conjecture by Witten. Most recently, Mirzakhani, together with Alex Eskin made a major breakthrough in understanding another dynamical system on moduli space that is related to the behavior of geodesics in moduli space. They proved that although complex geodesics in moduli space are a priori transcendental objects defined in terms of analysis and differential geometry their closures are algebraic objects, as in the celebrated Ratner theorem for homogeneous spaces. Maryam had one of the great intellects of our time, and she was a wonderful, modest person. Her impact will live on for the thousands of women she inspired to pursue math and science. She will be tremendously missed. Mirzakhani is survived by her husband, Jan Vondr ́ak, and a daughter, Anahita.
The committee of AIF
En mémoire de Jean-Pierre Kahane
Jean-pierre Kahane s'est éteint mercredi 21 juin 2017. Cette page, qui lui est dédiée, mentionnne quelques collaborations que ce grand mathématicien avait établies avec l'Institut Fourier :
Jean-Pierre Kahane a publié 9 articles dans les Annales de l'Institut Fourier dont le premier en 1954 fait 90 pages : "Sur quelques problèmes d’unicité et de prolongement relatifs aux fonctions approchables par des sommes d’exponentielles".
Il vient à Grenoble dans le cadre du cycle de conférence "un texte, un mathématicien". Cette conférence s'intitule : "Deux feuilles sur un mémoire de Fourier, histoire, énigmes et leçons".
Et en 2016, il est de retour à l'Institut Fourier pour féter les 50 ans du laboratoire et donner à cette occasion un conférence sur "Quelques aspects du retour de Fourier".
Jean-Pierre Kahane en vidéo :
- "Deux feuilles sur un mémoire de Fourier, histoire, énigmes et leçons"